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Recommandations grammaticales

QUELQUES RECOMMANDATIONS GRAMMATICALES, LEXICALES ET SYNTAXIQUES
A L’USAGE DE L’EQUIPE DU CONGRES DES NOTAIRES par Me Proost.

En dehors des fautes d’orthographes, qui ne peuvent être bien sûr que des fautes de frappe (il y en a vraisemblablement dans le texte qui suit), il faut porter attention à certaines mauvaises habitudes, hélas fort répandues dans le notariat.
Vous les trouverez ici pêle-mêle, bien qu’elles vous soient certainement connues.

 

* 1 * CECI DIT

On ne doit pas dire « ceci dit « (ou ceci exposé, ceci étant, etc.); en effet, « ceci » désigne ce qui va suivre et non ce qui vient d’être dit ou fait. On doit dire « cela dit » (cela exposé, cela étant).
Un raisonnement analogue est d’ailleurs à suivre pour « celui-ci « et « celui-là »
Exemple : J’ai actuellement deux supérieurs hiérarchiques : Jacques et Damien. Celui-ci (Damien) est Satan, celui-là (Jacques) est un saint.
Même punition pour « voici » (désigne ce qui vient ou est proche) et « voilà » (ce qui est passé ou est lointain).

 

* 2 * ALTERNATIVE

On ne doit pas dire « double alternative » ou « l’autre alternative ». Ce mot ne veut pas dire « solution » ou « possibilité » car il propose un choix; une alternative a toujours deux branches.
Exemple : « Je suis devant une alternative terrible : ou je rédige correctement mon rapport ou je le bâcle; je ne peux que me résoudre à la première possibilité sinon le rapporteur général me passe à tabac. »

Ainsi si l’on parle de l’autre alternative, s’ouvre alors de nouveau un choix !
Une double alternative donne quatre possibilités.

 

* 3 * ETC., ET AUTRES

Il convient, lorsque l’on veut abréger une liste, d’éviter deux erreurs communes :

– « etc. » (qui, en dehors de l’abréviation, peut s’écrire « et cetera » ou « et caetera ») n’est jamais suivi de trois points, mais d’un seul qu’il ne faut d’ailleurs pas oublier (voir à « abréviations »).

– « et autres » : cette locution n’annonce jamais le dernier terme d’une liste, mais la catégorie dans laquelle il faut classer cette énumération.
Exemple : on ne doit pas dire :  » Tyranniques comme les Vautier, Ferret et autre Brac de la Perrière », mais  » Tyranniques comme les Vautier, Ferret et autres présidents de congrès »

 

* 4 * MAIS

Il faut éviter à l’écrit d’utiliser les conjonctions « mais » ou « et » en tête de phrase, immédiatement après un point (ou équivalent : point d’interrogation, d’exclamation, points de suspension de fin de phrase).
Ces conjonctions s’utilisent pour coordonner le deuxième membre de la phrase au premier, après une virgule si la phrase est longue, sans virgule dans le cas contraire ou s’il n’y a qu’un adjectif.
Exemples :
On ne doit pas écrire : « Notre rapporteur général est d’une exigence sans nom. Mais, parfois, il faut admettre qu’il peut être sympathique (c’est rare). »
Il faut préférer : « Notre rapporteur général est d’une exigence sans nom mais il lui arrive d’être souriant (c’est extrêmement rare). »
« Le président est sévère mais juste. »

Suivant le sens de la phrase, on peut la débuter par : cependant, au contraire, en revanche, à l’inverse, etc.

A y bien réfléchir, souvent on peut se permettre de se passer de toute conjonction ou expression à usage de lien.

 

* 5 * CONSEQUENT

Attention au mot « conséquent »; il n’a jamais voulu dire « important », mais « logique dans sa conduite ».
Exemple :
Ce rapporteur général conséquent relisait sans cesse les rapports, même volumineux (et non conséquents), pour les améliorer. Est-ce le cas du nôtre ?

D’ailleurs, le contraire de conséquent est inconséquent dont tout le monde connaît le sens. De même, le substantif correspondant est conséquence qui ne veut pas dire « importance ».

Suivant le sens, il est possible d’utiliser « important » « substantiel » « volumineux » ou autres mots équivalents.

 

* 6 * DE FACON QUE/DE MANIERE QUE

Ecrire (et dire) « de façon que » et non « de façon à ce que ».
Ecrire (et dire) « de manière que » et non de manière à ce que ».

 

* 7 * PLURIELS D’EXCEPTION

Le masculin pluriel de « banal » et « final » est « banals » et « finals » (eh oui!); pour l’anecdote, il en va de même pour « jovial ».
(Remarque : banal fait banaux au pluriel lorsqu’il est employé comme terme juridique : les pressoirs banaux du système féodal)

 

* 8 * PALLIER

Pallier est un verbe transitif direct.
Ainsi, on pallie une difficulté (et non : on pallie à une difficulté).

 

* 9 * PAR CONTRE

Il faut éviter « par contre », lourd et disgracieux. Préférons « au contraire » ou « en revanche ».
Exemple : « Le rapporteur général est un acariâtre qui s’ignore; en revanche, le président est d’une parfaite aménité. »

 

* 10 * SANS QUE

La locution « sans que » ne commande jamais « ne » (« sans que » est déjà négatif par nature !).
Exemple : « Essayez donc d’affirmer une idiotie juridique sans que le rapporteur général la relève : cela doit être possible ».

 

* 11 * SELON QUE-APRES QUE

Ces locutions conjonctives commandent l’indicatif, jamais le subjonctif.

Exemples : « Selon que vous avez un style lui convenant ou non, vous aurez la considération de notre rapporteur général; quelle subjectivité ! »
« Longtemps, longtemps, après que les poètes ont disparu … »
Ne pas oublier la concordance des temps : après que les poètes avaient disparu, leurs chansons couraient encore dans les rues …

 

* 12 * ABREVIATION

Le signe d’un mot abrégé en français est le point.
On doit donc écrire (par ex.) : cf. (abréviation de l’impératif latin confer).

L’abréviation de Monsieur est « M. » et non « Mr » qui signifie « Mister ». Où va se nicher le franglais : même dans le bricolage ! (Au pluriel : MM.; dans les deux cas ne pas oublier le point).
Cependant, certains mots sont réduits par suppression de lettres internes et non des lettres finales. Le point ne s’impose plus.
Il en va ainsi, par exemple, des abréviations Mme ou Mlle pour Madame ou Mademoiselle.

 

* 13 * TREMA

Attention à l’utilisation du tréma; la règle (qui comporte de très rares exceptions) veut qu’il soit sur la deuxième voyelle pour séparer celle-ci de la précédente qui doit être prononcée.

Exemples :
Aigu et contigu font au féminin aiguë et contiguë (pour que le « u » soit prononcé et que le « e » reste muet; en l’absence de tréma, le « u », n’étant pas séparé, ne ferait que durcir le « g » et la prononciation serait comparable à « vague ». Si le tréma est mal placé, il indique alors qu’en plus du « u » le « e » doit aussi être prononcé : voir l’exception).
Pour se rappeler cette règle (et non pour s’en rappeler ou se rappeler de cette règle), il suffit de se référer à des mots comme : aïoli, laïc, maïs, noël, naïf, mosaïque, ciguë, Loïc.
Une exception (nom propre) : Famille « de Vogüe »; la prononciation est à faire en trois syllabes : « Vo-Gu-é ». Piège : le nom du concepteur du métro parisien, si joliment prénommé Fulgence, se prononce comme s’il n’y avait pas de tréma sur le « u »!

Cependant, il faut prêter attention au verbe « arguer » (dans certains dictionnaires « argüer »)

On doit faire entendre le « u » du radical à tous les temps (« j’argu » ou « ils argu » comme dans « aigu » et non « j’argue » ou « ils arguent » comme dans « vague »). Quelle belle langue que la nôtre !

 

* 14 * ACCENT OU PAS ACCENT ?

« Cela » et son diminutif « ça » ne prennent pas d’accent. (Ne pas confondre avec « çà et là » car il s’agit ici d’un adverbe de lieu)

Le participe du verbe « devoir » est « mixte » : seul le masculin singulier prend un accent circonflexe : dû, dus, due, dues.

Le participe passé de « pouvoir » n’en prend jamais.

Pas d’accent sur le « a » de « a priori « , « a posteriori », « a contrario », etc. (ni sur le « e » d’ailleurs, car le latin ne connaît pas l’accent; exemple : in fine).

 

* 15 * TOUT

« Tout » est au singulier dans l’expression « en tout cas »; il est en principe invariable quand il signifie « entièrement » « totalement » et autres expressions de ce genre.
Il s’accorde cependant devant un adjectif au féminin commençant par une consonne ou un « h » aspiré.

Exemples :
« L’équipe tout entière écoute avec attention les remarques du rapporteur général ».
« Les femmes qui en font partie sont tout étonnées des remarques louangeuses du président, dont ce n’est pas l’habitude, et en sont toutes joyeuses ».

 

* 16 * TRAITS D’UNION

* Deux traits d’union à « c’est-à-dire ».

* Trait(s) d’union aux adjectifs numéraux en dessous de « cent », sauf « vingt et un, trente et un « , etc.

Exemple :
« Si j’ai écrit quatre-vingts feuillets pour demain, le rapporteur général sera (peut-être) content; en revanche, si je n’en produis que cinquante et un, il verra sûrement rouge. Cela dit, je pense que l’ensemble du rapport sera de neuf cent quatre-vingt-dix pages.

* En revanche, pas de trait d’union à compte rendu (« ce compte une fois rendu »).

* Il y a lieu également de porter attention aux noms composés dans les adresses et le nom des villes.

a) noms de rue

Les traits d’union s’imposent toujours entre tous les mots, sauf l’article :

Ex. : rue Charles-Trenet ; rue du 14-juillet-1789 ; rue du Chat-qui-Pêche ; Grande-Rue.

b) noms de ville/noms de lieu

Majuscules et traits d’union lorsque le mot « saint » apparaît :

Saint-Nazaire, Saint-Pierre-et-Miquelon, Sainte-Maxime.
L’église Sainte-Cécile ; la gare Saint-Lazare.

(Nota : en revanche, pas de majuscule au saint si l’on parle de lui. Ex : saint Camille est le saint patron des personnes hospitalisées, sainte Cécile est la sainte patronne des musiciens et saint Lazare est ressuscité.)

 

* 17 * EMPLOI DE LA MAJUSCULE

(Voir notamment à ce sujet « Lexique des règles typographiques » Imprimerie nationale 1990).

En français la majuscule ne s’emploie que dans quatre cas (sauf exceptions et conventions scientifiques) :
* comme initiale du premier mot commençant un texte;
* comme initiale du premier mot commençant une phrase après un point (ou équivalent, voir à « mais »);
* comme initiale d’un nom propre;
* comme initiale d’un nom commun « personnifié » (exemple « la Nation française » ou « voici un Italien »).
Ainsi donc, dans le corps d’un texte, ne prennent jamais de majuscule les mots suivants (liste non exhaustive et, bien entendu, il existe des exceptions pour les points cardinaux, sans utilité pour le style notarial):

– notaire, congrès, juge, procureur, tribunal, instance, professeur, tutelle, greffier, les mois, les jours de la semaine (qui s’accordent au pluriel), les points cardinaux, les adjectifs d’origine (« un peintre français », mais « j’ai rencontré des Espagnols »), conseil d’administration, société, président, directeur, gérant, syndic, etc.

Ex. : L’étude de ce notaire de l’ouest de la France est située à l’est de la mairie et au sud de la ville où sont implantés le tribunal de grande instance et la chambre de commerce.

La règle est simple : minuscule s’il y a plusieurs « exemplaires », majuscule s’’il n’y en a qu’un.

Ex. : cour d’assises, tribunal d’instance, chambre de commerce, mais Conseil constitutionnel, Cour de cassation.
Elémentaire, mon cher Watson !

Certains noms communs reprennent une majuscule quand il s’agit d’une personne à laquelle on s’adresse et qui porte le nom de sa fonction.

Exemple :
Monsieur le Juge (ici majuscule) d’instruction (toujours minuscule),
Vous voudrez bien m’expliquer ce que sont les pouvoirs d’un juge (ici minuscule) d’application des peines (toujours minuscule) et ceux d’un juge (ici minuscule) des tutelles (toujours minuscule). Quant au procureur (minuscule) de la République (majuscule, car considérée comme une personne), je me demande quelle est son utilité.
Il faut distinguer ici le titre (majuscule) et la fonction (minuscule).

Ainsi, à titre d’exemple notarial, lorsqu’un notaire écrit à un autre notaire, devrait-on rencontrer ceci :

Mon cher Confrère, (« cher » sans majuscule car adjectif, « Confrère » avec une majuscule car on s’adresse à une personne par son titre)

Votre bien dévoué confrère, (« bien dévoué » sans majuscules -adverbe et adjectif- confrère également car fonction et non titre et il s’agit de soi ; un peu de modestie ne nuit pas !)

A titre de convention scientifique, prend une majuscule le mot « code » quand il est suivi de sa nature ; celle-ci prend une minuscule. S’il est employé seul, l’initiale est en minuscule.
Exemple : le Code civil, le Code général des impôts, le Code rural, que dire de cette multiplicité de codes sinon que c’est pléthore ?

Ce n’est d’ailleurs que l’application de la règle : l’adjectif suit le nom propre, il prendra une minuscule ; l’adjectif le précède, il prend une majuscule.

Ex. : le Petit Caporal et le Grand Timonier mais le Lider maximo et le Sultan juste –Desaix.

(Ne pas se fier à l’indication d’écriture fautive donnée par le logiciel, « lider » est ici le mot espagnol et non le mot anglais).

Dans une rédaction, pour aérer le texte, le maintenir lisible et élégant, les noms propres ne doivent pas être écrits entièrement en majuscules (un grammairien a écrit qu’écrire les noms en totalité en majuscules, c’était « tomber dans la prétention, dans le fla-fla » ; plus loin, il écrit : « c’est le mélange des lettres premières – j’appelle ainsi les majuscules qui ouvrent les phrases ou les mots – avec les lettres suivantes, minuscules, modestes, qui donne à la phrase sa beauté formelle. Au français, son esthétique. »
(Remarquons immédiatement qu’il écrit « français » sans majuscule, appliquant ainsi parfaitement la règle.).

Exemple : « Nous ne remercierons jamais assez M. le professeur Prieur de sa contribution à ce congrès » (et non « M. le Professeur PRIEUR ni « Congrès « ).

Remarque : on ne met pas de majuscule après un point d’exclamation si celui-ci ne termine pas la phrase.

 

* 18 * EMPLOI DE LA VIRGULE

Il faut prendre garde à ne pas devenir « virgulomaniaque » ou « aponctuant ».

Ce signe de ponctuation a des indications précises. S’il sert, il est vrai, à séparer les membres de la phrase, il y a un minimum de règles à respecter. Il faut éviter de saupoudrer au hasard.

Dans le corps d’une phrase, une virgule en commande souvent une seconde pour former une incise. L’erreur commune est de placer la seconde et d’oublier la première.

Contrairement à d’autres langues, et sauf si cette subordonnée est « entre deux virgules » pour être mise en relief (incise ici encore), la relative n’exige pas en principe (car il peut exister des exceptions qu’impose le sens) une virgule préalable.

Ne négligeons pas l’emploi du point-virgule. Il est utile pour donner de la respiration à une phrase longue.

 

* 19 * PHRASE SANS PRINCIPALE

Un des grands travers du style notarial est l’absence de principale que l’on remplace souvent par un participe présent.
Exemple (à ne pas suivre) :
Jacques Vautier a composé une équipe extraordinaire. Etant précisé que le rapporteur général est le plus brillant de tous. Etant entendu que cette affirmation est faite pour contrebalancer les horreurs précédentes. A noter, ma parfaite diplomatie (hypocrisie ?).

Bizarrement, les deuxième, troisième et quatrième phrases ne comprennent pas de principale. On doit par exemple écrire : « il faut préciser », supprimer « étant entendu que »(ou mettre une virgule à la place du point précédant cette expression) et écrire, par exemple : « Vous noterez » (en supprimant la virgule) ; il doit y avoir en effet un verbe conjugué dans une principale ou une indépendante

 

* 20 * CIRCULAIRE DU 15 SEPTEMBRE 1977 (JO DU 24).

Cette circulaire traite du vocabulaire juridique et judiciaire.
Sous le titre « Archaïsmes et mots surannés » (remarquons la dureté des termes choisis), sont cités :
Ledit, le susdit, dudit, le susnommé, nonobstant que, etc.
Il y est précisé que l’expression « de cujus » (qui devrait d’ailleurs au pluriel être « de quorum ») n’a aucun sens. Sa traduction littérale est « au sujet duquel » (ou « dont » : de cujus successio agitur).
Par pur snobisme, nous écrivons donc « la date de décès du au sujet duquel est le … »
Il est pourtant simple d’utiliser le mot défunt.

Il nous est si souvent reproché d’avoir un vocabulaire abscons! Ne faisons pas comme certains médecins qui se retranchent derrière un volapük technique leur permettant de garder distance avec leurs patients.

De même, il est recommandé d’utiliser, dans tous les cas, les mots « propriétaire » et « locataire » de préférence à « bailleur » et « preneur ».
En tout état de cause, il faut éviter de mélanger : propriétaire/preneur et bailleur/locataire : essayons d’avoir un minimum de respect de parallélisme des formes.

 

* 20* QUELQUE/QUEL QUE

Séparation ou pas ? Accord ou pas ?
Il existe un moyen simple de se rappeler la règle.

Si « quelque » précède un adjectif, il est considéré comme adverbe invariable (il peut être remplacé par « si »); un « que » n’est pas très loin derrière.

Exemple :
Quelque difficile que soit l’écriture d’un rapport, c’est une aventure exaltante !
(Si difficile que soit…)

Si ce mot est suivi du verbe « être », il y a séparation et accord avec le sujet du verbe « être ».

Exemple :
Quelle que soit la difficulté d’un rapport, c’est une aventure exaltante.

 

* 21 * COUPE SOMBRE

Contrairement à une idée répandue, si l’on effectue une coupe sombre, on ne supprime que très peu. La suppression massive est une coupe claire !
Il s’agit de termes utilisés par les forestiers. Avec la coupe claire, on veut laisser entrer la lumière dans le sous-bois, donc on doit supprimer beaucoup.
Une coupe sombre, en revanche, ne cherche pas à atteindre ce but mais simplement à rendre le sous-bois moins inextricable.

 

* 22 * ESPECE

Ce mot est toujours féminin, quel que soit le mot qui le suit et quoi qu’on en dise !
Exemple :
Une espèce de tyran nouveau : le rapporteur général d’un congrès! (et surtout pas : un espèce de tyran).

 

* 23 * SIGLES

En principe, les sigles doivent être séparés par des points.

Exemples :
Taxe à la valeur ajoutée devient T.V.A.; société à responsabilité limitée devient S.A.R.L., etc.

Cela dit, les dictionnaires admettent désormais TVA, etc.

 

* 24 * AMODIATION-AVATAR

Attention au sens des mots !
Le mot « amodiation » n’a jamais voulu dire « modification », « changement » ou « évolution ».
Ce terme juridique ne désigne rien d’autre qu’un certain type de bail en droit minier.

Quant à « avatar », cessons de l’utiliser dans le sens d’accident, qu’il n’a jamais eu, mais respectons le sens de transformation ou de changement dans le sort de qq. ou qqch. En effet, à l’origine ce mot sanskrit désigne les multiples transformations (incarnations) du dieu Vishnou.

 

* 25 * CONVENIR

Attention ici aussi à une erreur commune : « les parties sont convenues » et non « ont convenu ».

L’auxiliaire avoir est utilisé lorsque ce verbe a le sens de « être approprié » : ce métier lui a convenu.

 

* 26 * QUOIQUE/QUOI QUE

En un seul mot, « quoique » peut être remplacé par « bien que ».

En revanche, en deux mots, il est l’équivalent de « quelque…que ».

Exemples :

Quoi que tu fasses (quelque chose que tu aies faite), et quoique tu aies bien préparé (bien que tu aies bien préparé) ton intervention, un passage sur scène générera toujours un peu de trac !

 

* 27 * DONT

Il est remarquable de constater que ce relatif est désormais d’un emploi hasardeux.

Pourtant, avec un peu de réflexion, il est simple d’emploi. « Dont » est le remplaçant de « de ». Ces deux termes ne peuvent donc être utilisés ensemble !

Exemples :

Je me souviens de mes vacances au Maroc avec ravissement.

Ces vacances dont je me souviens avec ravissement…

Ce sont mes vacances au Maroc dont je me souviens avec ravissement (et non ce sont de mes vacances au Maroc dont je me souviens avec ravissement)

Ce sont de mes vacances au Maroc que je me souviens avec ravissement (même remarque).

En définitive : le « de » exclut le « dont » et réciproquement !

 

* 28 * PARENTHESE ET TIRETS

Ces signes encadrent des ajouts ou des compléments insérés dans ou à la fin de la phrase. Ils n’ont pas le même rôle, en principe, que la virgule (qui sépare).

Les parenthèses sont en général utilisées pour des compléments d’ordre secondaire alors que les tirets cherchent à mettre en relief un renseignement estimé important.

Pour ce dernier signe (les tirets), il convient de respecter une règle. Ils sont au nombre de deux si le renseignement est donné dans la phrase ; en revanche, il n’y en a qu’un, avant le renseignement, si celui-ci est donné en fin de phrase.

Exemple :

Un président de congrès a un rôle éminemment politique –nous le savons tous- alors que le rapporteur général est l’intellectuel patenté de l’équipe – peut-être l’ignoriez-vous.

 

* 29 * ACCORDS DIVERS

Les périodes se sont succédé (et non « se sont succédées » car l’une a succédé à l’autre, il s’agit d’un COI et non d’un COD).

Ces personnes se sont permis (et non « se sont permises », car elles ont permis à elles-mêmes, COI et non COD).

Cette règle que je vous ai fait respecter (et non « que je vous ai faite respecter », car le COD, s’il est avant, se rapporte à « respecter » et non au verbe conjugué ; il est facile de retenir la règle : « fait » suivi d’un infinitif ne se conjugue pas).

Le participe passé s’accorde en genre et en nombre avec le sujet si l’auxiliaire conjugué est le verbe être.

Le participe passé ne s’accorde jamais avec le sujet si l’auxiliaire conjugué est le verbe avoir.
Dans le cas de cet auxiliaire, le participe passé s’accorde avec le COD si celui-ci est avant le verbe ; il ne s’accorde pas s’il est derrière le verbe.

Exemples :

J’ai aimé ces promenades à l’étranger. C’est sur les recommandations que vous m’avez faites que je les ai entreprises. Auparavant, je n’en avais jamais fait.

Remarque : lorsque le complément est « en », il n’y a pas d’accord.

Les verbes pronominaux (les règles sont nombreuses, il ne s’agit donc ici que de quelques moyens simples d’éviter les erreurs communes).

Les périodes se sont succédé (et non « se sont succédées » car l’une a succédé à l’autre, il s’agit d’un COI et non d’un COD).

Ils se sont rencontrés (l’un l’autre, COD)
Ils se sont plu (l’un à l’autre, COI)
Ils se sont embrassés (l’un l’autre)
Ils se sont menti (l’un à l’autre)
Ils se sont détestés (l’un l’autre)
Ils se sont souri (l’un à l’autre)
Ils se sont rabibochés (l’un l’autre).

 

* 30 * MALGRE

Attention, « malgré » est une préposition qui a pour sens « contre le gré de » ou « en dépit de » (malgré toi, malgré ton manque d’empressement et malgré la neige, nous sommes allés nous promener).

Y ajouter un « que » transforme cette préposition en locution conjonctive fautive. Il faut employer « bien que » ou, si l’on veut absolument employer « malgré », dire « malgré le fait que »

 

* 31 * VOIRE

Cet adverbe a pour sens « et même ».

Utiliser « voire même » mène à un pléonasme frisant avec la tautologie illustrée magnifiquement par l’affreux « au jour d’aujourd’hui ».

 

* 32 * EURO

Lorsqu’un prix est indiqué en chiffres, la monnaie doit être indiquée sou forme de sigle. en revanche lorsque le prix est donné en toutes lettres, c’est le mot « euro » qui suit.

180 000 €
Cent quatre-vingt mille euros

Deux choses sont à noter :

-Pas de point pour séparer les centaines des milliers (depuis un texte datant de 1959 environ) ;
-« Euro » prend la marque du pluriel (confirmé par un texte officiel, qui précise aussi qu’il vaut préférer employer « centime » à « cent ») ; évitez aussi de dire « centime d’euro » : en Europe, cela peut-il être un centime d’une autre monnaie ?)

2 Commentaires

    • rybicki marie-paule sur 12 juin 2016 à 14 h 07 min
    • Répondre

    Désormais avec la nouvelle règle orthographique (journal officiel 1993), aigüe, ambigüe, contigüe, contigüité, ambigüité prennent le tréma sur le « u » pour en marquer la prononciation.
    Il existe aussi une règle simplifiée, bien utile, pour écrire les nombres en lettres ( trait d’union systématique sauf pour million et…)
    Merci pour votre site
    Marie-Paule RYBICKI

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